Bye Bye India !

Retour à Amman après
notre refoulement.

C'est l'histoire d'un mec qui sait tout, ou presque. Une histoire dont je suis le "héros".

Le drame - car c'en est un ; un petit drame, mais un drame quand même - se déroule à l'aéroport d'Amman mardi 16 novembre, aux alentours de 19h15.

Sid et moi attendons depuis une demi-heure devant les comptoirs de check-in de la Royal Jordanian, sourire aux lèvres, dans l'espoir d'être upgradés en business class, promotion que l'on nous avait fait miroiter peu auparavant en raison d'une surréservation sur notre vol. L'heure venue de montrer nos passeports, nous devons malheureusement déchanter. Dans le rôle de l'oiseau de mauvais augure, le préposé au check-in :

- Do you have a visa for India ?, nous demande-t-il dans un anglais parfait, excepté un accent arabe visiblement impossible à cacher.

- Mmmmh, no ! As far as I know, Swiss citizen can apply for an Indian visa on arrival, avancé-je, le sourire en moins.

- I'm sorry, Sir, but every citizen from every country must get a visa before flying to India, m'assure-t-il, sûr de lui.

Après plusieurs échanges d'arguments, je dois m'avouer vaincu : l'oiseau de mauvaise augure possède des informations plus fiables et moins lacunaires que moi. Oups ! Moi qui étais en charge de la partie "visas" du voyage, je me sens alors très bête et je ne veux qu'une seule chose, me faire tout petit et me cacher dans un trou. A la place, je dois affronter le courroux de madame...

- Mais t'avais pourtant demandé à l'ambassade, non ?, me demande-t-elle, un brin de colère dans la voix.

- Bien sûr, j'avais envoyé un mail..., répondis-je d'un ton faussement assuré.

- Et ils t'avaient répondu quoi ?, réplique-t-elle.

- Ben... Je sais plus... Tu comprends, avec tous les mails que j'ai dû envoyer, j'étais un peu débordé, résisté-je.

- Alors tu veux me dire que t'étais même pas sûr que ça jouait ? T'as pas vérifié ? Oh mais non, je me réjouissais tellement d'aller en Inde... Je t'ai pourtant demandé plusieurs fois avant de partir si c'était OK pour les visas, et tu m'as toujours dit que oui, fulmine-t-elle.

- Moi aussi je me réjouissais ! Tu penses bien que j'ai pas fait exprès de me tromper... J'étais vraiment sûr de mon coup. Mais je dois dire que maintenant je suis même pas certain que l'ambassade m'ait répondu, avoué-je.

(Je coupe ici, pour ne pas choquer les âmes sensibles, ma dernière phrase ayant encore échauffé les esprits. Pour information, après vérification, je n'avais effectivement pas reçu de réponse...)

Nous repartons donc de l'aéroport, Sid ronchonne et moi tout penaud. Nous pensons tout de même pouvoir nous en sortir rapidement : une petite visite à l'ambassade d'Inde à Amman, quelques dinars, un joli tampon et le tour serait joué. C'était compter sans la lenteur de l'administration diplomatique indienne et les festivités de l'Aïd el-Kebir...

En effet, à l'occasion de cette fête religieuse, la principale en islam, trois jours fériés sont accordés, auxquels s'ajoutent le vendredi et le samedi, le week-end dans les pays musulmans. Durant ces jours, l'ambassade d'Inde, nous dit-on, ne traite aucune demande de visa, ni dimanche d'ailleurs, pour une raison indéterminée. Ensuite, il faut encore compter minimum sept jours, nous indique-t-on, pour obtenir le fameux sésame...

Après une longue discussion entre ma moitié et moi, c'est le coeur gros que nous avons décidé de modifier notre itinéraire, d'abandonner l'Inde et de nous rendre directement de Jordanie en Thaïlande.

Par ma faute, nous ne pourrons pas humer les plus grands égouts à ciel ouvert du monde...
Par ma faute, nous ne risquerons pas d'attraper la rage...

(On dirait que j'essaie de sauver la face, non ?)

Par ma faute, nous ne verrons pas de vaches sacrées !
Par ma faute, nous ne découvrirons pas le pays des maharadjahs !
Par ma faute, nous ne nous émerveillerons pas devant le Taj Mahal !

C'est l'histoire d'un mec qui croyait tout savoir, et qui avait tout faux...

Epilogue

En ce moment, nous sommes en Thaïlande. Il fait chaud, la bouffe est excellente et ça ne coûte rien... On pourrait être plus mal !

Did